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LA TRACE DES JOURS (2009-2010)
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14 mars 2010

ABSTENTION : VOTE SANCTION ?

Moins d'un électeur sur deux s'est rendu aux urnes dimanche pour le premier tour des élections régionales. Frédéric Dabi, directeur du département opinion de l'Ifop, revient sur les causes de cette abstention record (53, 65%) et du faible score de la droite.

Comment expliquez-vous cette progression de l'absention?

C'est une abstention historique pour une élection régionale. Le record de 1998 a été explosé de plus de 10 points! Pourtant, nous avions assisté à une forte mobilisation de l'électorat il y a trois ans pour la présidentielle de 2007, avec une campagne exceptionnelle et des débats qui avaient passionné les Français. Ce recul de la participation s'explique d'abord par la déception qui fait suite aux promesses électorales et aux fortes attentent des Français, notamment par rapport à l'emploi et au pouvoir d'achat.

Le gouvernement est donc le premier sanctionné par cette abstention?

Oui, le vote sanction est bien là. L'abstention a été plus forte dans les fiefs de la droite, dans le Nord-Pas-de-Calais par exemple. On ne l'a peut-être pas assez dit, mais la droite a fait son score le plus bas de la Ve République! C'est un phénomène assez classique en période de crise: le parti de gouvernement paye le prix des difficultés économiques. Les Français doutent de la capacité de leurs dirigeants à améliorer leur situation, à changer les choses. Il y a actuellement une défiance envers les politiques, un "désenchantement" du politique, encore une fois assez classique en période de crise"


LES REGIONS PATISSENT D'UN DEFICIT D'INCARNATION


Ce désintérêt n'est-il pas lié aussi au manque de compréhension de l'enjeu de ces élections?

 

Cette abstention s'explique aussi par un problème technique. En général, les régionales sont couplées avec les élections cantonales, ce qui leur donne plus de poids. Les régions pâtissent aussi d'un déficit d'incarnation. Très peu de Français sont capables de citer le nom de leur président de région, alors qu'ils connaissent bien celui de leur maire. Les compétences des régions sont encore mal comprises, même si des progrès ont été faits. Les Français savent désormais que la région s'occupe des transports, des lycées et non des collèges par exemple, mais cela reste insuffisant. Seuls 36% des Français avaient parlé du scrutin avec leurs proches au mois de mars, 37% au mois de février. Ils étaient 44% à l'avoir fait avant les élections régionales de 2004…

La campagne n'a donc pas su mobiliser?

Il y a surtout eu un décalage entre les thèmes qui préoccupent les Français et ceux traités par les politiques et les médias lors de la campagne. Selon nos sondages, les Français avaient pour principales préoccupations l'emploi et le développement économique. Mais la campagne s'est polarisée sur des affaires qui ne les touchent pas: la candidature de Georges Frêche ou celle d'Ali Soumaré…

Comment cette abstention risque d'évoluer au second tour?

Je n'ai pas encore de chiffre, mais l'on sait que l'abstention baisse mécaniquement lors des seconds tours. L'UMP va tout faire pour mobiliser, mais l'on sait aussi que, traditionnellement, les rapports de force ont plutôt tendance à s'amplifier...

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