UNE DATE A OUBLIER

Est ce que mettre en mots ce qu'a été cette journée du 17 juillet 2006  permettra de me débarrasser de la stupéfaction  qui nous saisie Olivier et moi en cette fin d'après midi de cette chaude journée d'été ? certes le week end avait été curieux : partie le vendredi matin à Vittel, Gérald m'avait laissé un  message bizarre  sur mon portable qui en substance  me reprochait de ne jamais être là quand il avait besoin de moi, j'avais été tellement surprise que j'avais immédiatement éprouvé le besoin de bien lui préciser que ce n'était pas par plaisir que j'allais à Vittel mais pour y voir Madame ma Mère dont le dead line se rapprochait inexorablement... le lendemain matin, rien dans notre échange téléphonique ne m'a cependant alertée et seul un coup de fil le dimanche après midi me demandant ce que je faisais à Bar le Duc , alors que j'étais dans le train m'a bien un peu étonnée ... puisque de tout temps la ligne Nancy Paris passe par Bar le Duc, je ne voyais pas en quoi cela pouvait le surprendre  ... puis de retour à Bordeaux, j'appris par Olivier que le retour de Bourdille ne s'était pas bien passé et qu'arrivé à la barrière Saint Genes , il avait brutalement déclaré de plus savoir où il était .... avait -il fait un AVC ?  le médecin de garde  ne posa pas un tel diagnostic et dit même qu'il ne pensait pas non plus à une tumeur ... une tumeur ? mais c'est out ce qu'il a trouvé et cette idée tellement saugrenue me sortit de l'esprit, puis ce fut une nuit agitée où à plusieurs reprises,  je le vis se lever sans qu'il soit en mesure de me dire le pourquoi de la chose... puis ce fut  la visite chez son médecin qui demanda qu'il passe un scanner, puis ce fut le dernier déjeuner, où  revenue de l'IEP  pour le conduire à l'hôpital militaire, je le vis normalement prendre son repas, se lever de table, prendre son agenda et son téléphone pour décommander ses rendez vous, se munir d'un livre et monter en voiture, puis ce fut ma dernière réflexion " toi au moins tu vas passer l'après midi au frais alors que nous à l'IEP , on meure de chaleur", puis ce fut un après midi normal où totalement accaparée par la préparation d'une délibération, mes pensées n'allèrent que peu vers lui, puis ce fut le coup de fil d'Olivier à 17h.45 m'annonçant que Gérald sortait du scanner et qu'on venait de diagnostiquer une tumeur, puis ce fut mon arrivée à Robert Picquey où là encore je m'accrochais à l'idée qu'on allait l'opérer et qu'ensuite tout cele ne serait plus qu'un mauvais souvenir, puis ce fut la vision de l'ambulance qui attendait devant la porte qu'on le transporte à Pellegrin en neurologie, puis ce fut l'arrivée du professeur Sangali qui tira le cliché du scanner de son enveloppe pour à peine y jeter un coup d'oeil et  nous dire " dans une tumeur au cerveau il y a deux choses à prendre en compte  " sa localisation et la nature des cellules " et moi m'entendant lui dire  " et les deux sont mauvaises ? sa réponse fut alors " vous m'avez pris les mots de la bouche ..."Madame votre mari est condamné .... en une phrase, nous apprenions Olivier et moi  la nature du mal et la rapidité de l 'échéance ... je me souviens alors que je suis sortie prendre l'air et qu'à ce moment là mon téléphone a sonné : c'était xavier, qui pourtant n'appelle jamais si tôt ... le son de ma voix a du me  trahir  puisqu'il posa la question et qu' à mon tour  en une seule phrase ,je lui ai "balancé" ce que je venais d'apprendre 5nm avant ... avec le recul, je me dis que c'était d'une brutalité inouïe puisque lui n'avait pas vécu les heures précédentes et qu'il n'avait pas comme nous commencé à intérioriser la situation .. puis, Olivier et moi,  sommes rentrés ;  il y avait encore là, tout ce qu'on laisse quand on part juste pour un petit moment ... nous nous sommes retrouvés là, dans un état de stupéfaction incroyable ... à tel point qu'il nous était impossible de l'annoncer tant à son bureau qu'à notre entourage .....Parti à 13h. de la maison le 17 juillet, il n'y est jamais revenu .