DEJEUNER DOMINICAL A L'ABBAYE

Invitée par Arnaud et Valérie  de Raignac à déjeuner aujourd'hui, et regardant une fois de plus , la vitre brisée dans le couloir de l'entrée, je ne peux m'empêcher de repenser aux circonstances improbables  de ma rencontre avec Arnaud, il y a maintenant plus de dix ans . Histoire d'engager la conversation, il m'avait  demandé ce qui m'intéressait dans la vie et, pensant couper court, je lui avais répondu " les jardins,  les grands jardins du 17ème et 18ème" sauf qu'à ma grande surprise, il avait rebondit sur mon propos en me demandant, si j'avais moi même un jardin. Lui ayant répondu par l'affirmative en précisant que ce jardin était dans l'entre deux mer, il m'appris que lui même y vivait dans une maison hors norme   sans préciser où, ce que je ne lui demandais d'ailleurs pas. Puis, nous commençâmes à évoquer certains jardins notamment Sardy et le jardin du Parc à Saint Ferme  et j'en vins  à lui  parler de l'abbaye et de Nardon qui me semblait une plus jolie propriété pour y faire un jardin que le château du Parc. Il me demanda si Nardon était à vendre et rétrospectivement, heureusement que je lui ai répondu que non ...  Il sembla soudain très  intéressé et me demanda si je connaissais les habitants de l'abbaye.  Je lui répondis qu'y vivaient Michèle Perrin, l'écrivain  et également un monsieur plus très jeune ( je ne sais plus d'où je tirais ces informations...et surtout  pourquoi j'avais eu besoin de lui donner cette précision un peu inutile) qui d'ailleurs avait une vitre cassé dans son entrée depuis un bon bout de temps. Il me demanda alors si je connaissais les "de Raignac". J'évoquais alors l'action de Madame de Raignac , présidente des amis de l'abbaye et des soirées du mai musical auxquelles nous ne manquions jamais d'assister, Gérald et moi,  quand cette manifestation avait encore lieu, et sans savoir pourquoi, je lui précisais même que j'avais failli aller au mariage de leur fille. En effet, ayant voulu montrer aux Bouard en novembre 1989 cette abbaye que j'aime tant, nous étions arrivés à la sortie de la messe d'un très beau mariage après avoir jeté un coup d'oeil aux salles de réception de l'abbaye où devait se dérouler le repas. Le nom des invités, plus prestigieux les uns que les autres,  inscrit sur les cartons nous avait semblé en parfait décalage avec les plats qui se préparaient en cuisine puis-qu'allaient être servis  de vulgaires légumes en boîte. Je lui racontais donc cela en insistant bien à quel point, ces gens avaient du mal manger et ajoutais, qu'à la sortie de l'église, tout le monde s'étant rendu à Nardon, nous avions emboîté le pas à ces invités et que seul, le fait de ne pas être habillés "chic" ce soir là , nous avait empêché, de nous mêler aux invités. Tout cela le fit beaucoup rire et il me redemanda, comment je savais que vivait à l'abbaye cet homme plus très jeune... incapable de lui répondre mais lui ayant tout de même précisé que je ne manquais jamais de coller mon oeil, à la vitre de ce logis, il m'annonça alors que c'était lui qui vivait à l'abbaye et qu'il était Arnaud de Raignac, frère de la mariée aperçue en 1989, me confirmant d'ailleurs à quel point , ils avaient mal mangé à ce mariage : quelle ne fut pas alors ma stupéfaction. Rouge de honte, je ne savais plus où me mettre... Il en rit encore ....et m'avoua qu'il avait d'abord pensé que je m'étais moquée de lui mais qu'au fur et à mesure de mon récit, il avait bien compris que j'ignorais qui il était, ce qui l'avait prodigieusement amusé.

Cette conversation a eu lieu en janvier 1998 et cette date marque le début de notre amitié à laquelle je tiens énormément. Fou d'art contemporain, Arnaud m'a fait découvrir et partager sa passion et pour "être à la hauteur" et pouvoir échanger avec lui, j'ai énormément lu, suivi des cours d'histoire de l'art au CAPC, visité moult musées et expositions et ai la prétention de me considérer désormais comme un amateur averti d'art contemporain. Je me souviens que lors de notre premiers échanges, sur les 20 artistes dont il me parlait, si j'en connaissais un, je m'estimais heureuse. Hier, nous avons eu une conversation animée au sujet d'une exposition sur le vide qui a lieu à Beaubourg en ce moment et j'avais le plaisir de ne pas être en reste pour discuter avec lui. Je lui donc beaucoup et au cours de ces dix années, l'art contemporain a énormément nourri ma vie. Il m'a fait rencontrer  son ami Marc Couturier à qui nous avons,  Olivier et moi acheté,  un dessin pour le baptême de Anne et dont la rencontre, en décembre 2008 a été un des moments forts de cette fin d'année. Des échanges avec Arnaud, j'ai toujours  l'impression d'en ressortir plus intelligente.... et c'est pour moi un vrai bonheur. Souvent je lui ditqu'il est une des meilleures choses qui me soit arrivée depuis 10 ans...